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Niveau de Classe

Classe de 4ème (géographie): « Les limites de l’Europe». France

Résumé

Les limites géographiques de l’Europe ont été définies par l’histoire. Ici où là, elles distinguent les territoires des européens mais avec plus ou moins de lisibilité et de pertinence selon les lieux : ainsi, par exemple, les limites orientales de l’Europe sont-elles encore assez floues dans les esprits.

Les frontières intérieures de l’Europe, qui ont beaucoup changé de place et de nature au cours du XXe siècle, portent les traces de son histoire mouvementée car des changements de frontières ont souvent accompagné les grands événements politiques, en particulier les guerres.

L’observation détaillée des frontières montre la diversité de leurs justifications et la complexité de leurs effets économiques, politiques, culturels et sociaux.

On en déduit que la frontière est une notion historique et géographique complexe mais essentielle qu’il faut apprendre à manipuler avec précaution et discernement selon les différents endroits du monde où on l’observe.

Objectifs Notionnels

La difficulté de ce thème tient au fait qu’il mobilise à la fois la compréhension d’un concept délicat (les frontières continentales et politiques), la connaissance d’une évolution historique complexe (polygénie des frontières de l’Europe) et leur articulation contemporaine à des enjeux politiques et culturels sensibles aux représentations mentales et aux manipulations idéologiques.

De plus, il recoupe étroitement des problématiques dont l’acuité a été renforcée en premier lieu par l’extension récente du territoire de l’Union européenne en Europe et, en second lieu, par l’intensification des relations de voisinage intercontinental au sein de la mondialisation générale des relations économiques.

Il convient donc de pouvoir donner aux élèves européens des connaissances précises sur la définition des concepts géographiques et politiques mobilisés, une claire conscience de l’incontournable historicité des faits observés et une attention particulière à la multiplicité des points de vues différents qu’entremêlent les problématiques mises en jeu.

De la conscience de la complexité doit naître la prudence des jugements et la modération des prises de positions dans la reconstruction permanente d’une citoyenneté européenne réfléchie.

Il y a au moins trois interrogations différentes mêlées dans l’expression : « les frontières de l’Europe »

  • Quelles sont les limites du continent européen ? Ou, autrement dit, peut-on définir des limites incontestables, disons « géographiques » pour ne pas dire « naturelles », à l’Europe ? Mais cette question en ouvre une autre qui est plus politique : jusqu’où pourrait s’étendre l’Union européenne ? Et aussitôt après : doit-elle se limiter à l’Europe ou quelles sont les limites à ne pas dépasser ?
  • Quelles sont les frontières intérieures de l’Europe ? Au moment où l’Union Européenne tend à faire coïncider ses limites avec celles de l’Europe géographique, quelles frontières nationales intérieures sont vouées à disparaître et quelles sont les autres frontières intérieures qui pourraient encore résister ?
  • De quelle nature sont les frontières de l’Europe aujourd’hui ? Les frontières continentales sont-elles différentes des frontières nationales ? Que séparent-t-elles et dans quel but ? Cela revient à s’interroger plutôt sur l’émergence d’une nouvelle définition des frontières en Europe marquée par la diversité des situations frontalières voire par la diversification des statuts des européens.

Notre proposition pédagogique consiste donc à faire réfléchir les élèves :

  1. sur la position des limites du continent européen et sur leur signification historique et virtuelle.
  2. sur l’historicité et sur l’évolution récente des frontières intérieures d’une Europe dans laquelle a grandi l’Union Européenne.
  3. sur des études de cas dont la complexité conduit à nuancer la notion de frontière nationale pour la faire évoluer en se gardant des opinions toutes faites et des simplifications abusives et trompeuses.

Objectifs Méthodologiques et Compétences

On incitera d’abord les élèves à s’interroger sur les contours d’une carte en la considérant, non comme un donné à mémoriser sans discussion mais comme un objet à questionner. Cette problématisation permettra d’enrichir la compréhension de l’espace représenté par la carte.

L’observation et le questionnement des cartes doivent déboucher sur une interrogation concernant le détail des limites représentées et sur un débat conduit dans l’éclairage des héritages historiques et des enjeux politiques connus ou supposés. C’est l’exercice de comparaison des cartes de l’Europe à différentes époques qui facilitera la mise en œuvre de cette disposition intellectuelle particulière et délicate.

Enfin, l’observation successive des contours extérieurs, des limites intérieures et l’étude de cas localisés favoriseront l’application à plusieurs échelles de la réflexion sur l’espace géographique.

Activités Proposées

Il s’agit, tout en favorisant une observation précise des contours de l’Europe, de sensibiliser les élèves aux différentes significations et intensités de la notion de frontière. Le but est de montrer que les limites de l’Europe ne séparent pas toujours des ensembles très différents et surtout qu’elles le font ni avec la même précision ni pour les mêmes raisons.

Avec la deuxième séance, c’est la comparaison de cartes de différentes époques qui vise à installer dans les esprits l’idée de l’historicité des frontières en s’appuyant sur une grande instabilité que l’on peut constater au cours d’une vie d’homme ou de la durée d’un siècle.

La troisième séance permet de comprendre, à travers quelques exemples de situations frontalières particulières, la complexité de ces questions de limites territoriales. Il doit en découler la conviction renforcée de l’incontournable épaisseur historique des réalités territoriales contemporaines et l’extrême imprudence qu’il y aurait à les traiter à coups de principes trop abstraits.

Suggestion d’évaluation

Le professeur s’assurera que les élèves :

  • savent identifier et lire ou décrire les différents documents du dossier ;
  • savent situer les différents documents dans leur contexte historique et géographique ;
  • maîtrisent le vocabulaire et les notions spécifiques à la séance ;
  • sont capables de rédiger quelques lignes de synthèse en se référant précisément aux documents étudiés et sans chercher à simplifier caricaturalement des situations dont on aimerait qu’ils les abordent de façon nuancée.

Prolongements et Interdisciplinarité

  • Il semblerait tout à fait logique, après ce travail, de le compléter par une étude précise de « l’espace Schengen » afin d’illustrer concrètement et d’approfondir les notions évoquées au début de ce travail en relation avec l’actualité de la construction d’un espace européen. C’est notamment la dimension humaine et la géographie « vécue » de l’espace européen qui, cette fois, seraient placées au centre des préoccupations.
  • Il serait intéressant, pour compléter ce travail d’introduction à l’Europe, d’enquêter sur la façon dont chaque pays et chaque langue désignent les autres et les lieux qu’ils habitent. Il serait même utile de le faire au moins en anglais et en français puisque ces deux langues ont pris la liberté de franciser ou britanniser nombre de noms communs géographiques étrangers.