Professeur | Elève
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5. Fin de la légende du document 4 et reproduction de tableau

Paysage d’usines Théophile Alexandre Steinlen Cliquer pour agrandir l’image
Source: Paysage d’usines Théophile Alexandre Steinlen (1859-1923), peinture à l’huile sur toile, 27cm x 41 cm, Paris, musée d’Orsay.

Présentation

Il serait facile de nous montrer l'intérieur d’autres maisons, moins riches, mais non moins intéressantes : après le quartier de l’Opéra, après le quartier de la Bourse, si l'artiste voulait nous conduire dans quelque faubourg éloigné, nous ne craindrions pas de l'y suivre. Les ouvriers, repoussés du centre par la cherté de la vie, ont leurs quartiers à eux : en même temps que la division du travail parque de plus en plus les hommes dans une spécialité, il se produit quelque chose d'analogue dans les habitudes et les conditions de la vie. On s'éloigne les uns des autres, chacun va de son côté, on se connaît de moins en moins : ici, le quartier de la finance ; là, celui du commerce ; plus loin, les petits employés ; plus loin encore, les ouvriers. Déjà, en 1872, dans une enquête sur les conditions du travail, le rapporteur de la Chambre de commerce de Paris s'exprimait ainsi : « La maison habitée bourgeoisement paraît être le milieu le plus favorable au bien-être de l'ouvrier et au développement des liens sociaux. L'ouvrier y vit dans de meilleures conditions d'hygiène. Il s'y respecte davantage, se moralise, et se rattache à la société qu'il apprend à mieux connaître. » Ces paroles nous avaient frappé il y a dix ans : elles sont aussi vraies, plus vraies peut-être aujourd'hui que jamais. Il serait à souhaiter qu'un même quartier, sinon une même maison, pût abriter le riche et le pauvre, le patron à un étage et l'ouvrier à un autre. Ainsi, on apprendrait à se mieux connaître, selon le mot si juste du rapporteur de la Chambre de commerce de Paris ; or, apprendre à se mieux connaître, c'est bien souvent apprendre à s'estimer et à s'aimer.

Questions

  1. présenter les documents, auteur, date, nature.
  2. quels sont les éléments du paysage représenté ? Comment l’auteur du texte explique-t-il que les ouvriers doivent quitter le centre de la ville ? Pourquoi le déplore-t-il ?
  3. à partir du texte et du document, comment peut-on caractériser les villes à l’époque de l’industrialisation ?

Voir les réponses aux questions dans l'onglet "professeur".


Présentation du contexte historique et analyse

Commentaire du texte : l’auteur souligne une réalité, la ségrégation horizontale et la création d’une banlieue ouvrière et industrielle tout autour de la ville. Il exprime un vœu contraire, celui d’une « mixité sociale » au cœur de la ville pour éviter que ne se constituent des foyers de pauvreté aux abords immédiats de la ville.

Commentaire du tableau de Steinlen : http://www.histoire-image.org/site/oeuvre/analyse.php?i=20&d=1&a=28

Compléments

Armand Guillaumin (1841-1927)

L’intérêt de cette représentation est le contraste entre les codes du paysage (la Seine et ses eaux calmes et scintillantes, lumière douce du couchant, dégradés de couleur…) et le paysage de banlieue industrielle représenté.

Soleil couchant à Ivry Cliquer pour agrandir l’image
Source: Soleil couchant à Ivry (banlieue Sud-Est de Paris), huile sur toile 0,65 x 0,81 m, Musée d’Orsay Paris.

La commune de Montfermeil (Source : Atlas des parisiens JL Pinol, M Garden)

La banlieue parisienne : du village à l’intégration dans l’espace urbain.

1. Dans les années 1820, la commune a moins de 1000 habitants ; sa population est toujours de cet ordre à la fin du XIX· siècle. Aujourd 'hui, elle compte 24000 habitants.

Le succès de l'ouvrage de Paul de Kock est tel que des guides touristiques anglais évoquent , à la fin du siècle, le caractère idyllique de Montfermeil, et tout le monde veut voir la jolie laitière...

« [...] Denise est arrivée à Montfermeil, joli village dont les habitants ne sont pas mal, où l'on voit quelques maisons bourgeoises , et rien qui annonce la misère parce que l'habitant de la plus modeste chaumière travaille au lieu de mendier. La maisonnette de Denise est au bout du village, sur les bords d'un petit ruisseau qui serpente entre les saules [...] La maisonnette n'appartient pas à de pauvres gens. Tout y annonce l'aisance ; en effet, la mère Fourcy, tante de Denise, est une des plus riches villageoises de l'endroit... Denise, qui est son unique héritière, sait, par son activité et son petit commerce de lait et de fromage, encore ajouter au revenu de sa tante... » .

Source: La Laitière de Montfermeil, Charles-Paul de Kock, édition de 1856, Gustave Barba, libraire à Paris, tome 2, pp. 4-6 [première édition, 1836).

2. Ce premier succès littéraire en entraîne un autre. Dans Les Misérables publié en 1862, les Thénardier tiennent auberge à Montfermeil, et c'est au bord de la source que Cosette rencontre Jean Valjean.

« Montfermeil est situé entre Livry et Chelles, sur la lisière méridionale de ce haut plateau qui sépare l'Ourcq de la Marne. Aujourd 'hui , c'est un assez gros bourg orné, toute l'année, de villas en plâtre et, le dimanche, de bourgeois épanouis. En 1823, il n'y avait à Montfermeil ni tant de maisons blanches ni tant de bourgeois satisfaits. Ce n'était qu'un village dans les bois [...] Les marchands de drap retirés et les agréés en villégiature ne l'avaient pas encore découvert. C'était un endroit paisible et charmant, qui n'était sur la route de rien ; on y vivait à bon marché de cette vie paysanne si abondante et si facile. Seulement l'eau y était rare à cause de l'élévation du plateau. Il fallait aller la chercher assez loin. »

Source: Les Misérables,Tome Il, livre 3, Chapitre s 1 et 7.

3. Lors des « émeutes » de 2005

« Entre les forces de l'ordre et les jeunes émeutiers de Clichy-sous-Bois [Seine-Saint-Denis) et Montfermeil, quelques dizaines d'adultes ont improvisé un service d'ordre explicitement musulman.Au milieu de la rue qui relie Clichy à la cité des Bosquets de Montfermeil, dans la nuit de lundi 31 octobre à mardi 1er novembre, ils font la circulation, discutent avec leurs « frères » et les gendarmes protégés derrière leurs boucliers. Quelques heures après les premières condamnations de jeunes gens interpellés au cours des émeutes des jours précédents, l'ambiance est électrique. [...] Un peu plus loin, côté Montfermeil, des jeunes incendient une voiture puis des poubelles. Lorsque les pompiers et les forces de l'ordre s'approchent, ils subissent des jets de projectiles. »

Source: Le Monde , 2 novembre 2005.