Professeur | Elève
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4. La photographie au service de l’information sur les crimes contre l’humanité dans les camps nazis


4a. Photographie de l’armée américaine

Photographie de l’armée américaine Cliquer pour agrandir l’image
Source: The Illustrated London News, couverture du 28 avril 1945 avec une photographie de l’armée américaine réalisée à Ohrdruf le 12 avril 1945, in Mémoire des camps, Marval, 2001.

Présentation 4a

Le titre qui accompagne la photographie souligne que le général Eisenhower « habituellement chaleureux » exprime par son attitude l’horreur que suscite la « brutalité allemande » (« German brutality »). L’auteur du commentaire décrit l’attitude horrifiée du général américain face aux corps de 31 prisonniers assassinés par les SS du camp d’Ohrdruf. Il précise qu’à proximité du camp ont été découverts de nombreux autres cadavres dont certains brûlés à la chaux vive. Il informe ses lecteurs que les autorités militaires américaines ont obligé les civils allemands à être « témoins de ces horreurs ».


4b. Eric Schwab à Buchenwald, « dysentérique mourant »

Eric Schwab à Buchenwald, « dysentérique mourant » Cliquer pour agrandir l’image
Source: Couverture d’un n° spécial du Magazine de France sur les « crimes nazis », mai 1945 avec une photographie « recadrée » prise en avril 1945 par Eric Schwab à Buchenwald, « dysentérique mourant ».

Présentation 4b

Eric Schwabb (1910-1977) était reporter et photographe à Paris avant la guerre. Les lois anti-juives l’empêchèrent de travailler pendant l’occupation. Il parvint à échapper aux arrestations, mais sa mère fut déportée. En septembre 1944, il est devenu correspondant de l’Agence française de Presse. Il couvrit, aux côtés de l’armée américaine, les événements de la fin de la guerre dont la libération des camps de Buchenwald et de Dachau. De nombreuses photographies d’Eric Schwab furent publiées dans la presse. Certaines, comme celle de cet homme mourant, sont devenues des symboles des souffrances des déportés. « Dans chacun de ces camps, Schwab photographia davantage les survivants que les morts … En isolant les rescapés et en les photographiant en gros plan parfois dans une légère contre-plongée, il semble avoir voulu les faire émerger de la masse anonyme de l’univers annihilant du camp … En tant que fils de déportée, c’est certainement le martyr de sa propre mère qu’il percevait à travers ces rescapés.1 » (Clément Chéroux, Mémoire des camps, Marval, 2001).

1 Il la retrouva au camp de Theresienstadt au mois de juillet 1945.


4c. Photographie prise par l’armée américaine près de Dortmund

Photographie prise par l’armée américaine près de Dortmund Cliquer pour agrandir l’image
Source: Photographie prise par l’armée américaine près de Dortmund, été 1945, in Mémoire des camps, Marval, 2001.

Présentation 4c

Des civils allemands regardent un panneau sur lequel sont affichées des photographies montrant des atrocités commises à Gardelegen où des SS et des Jeunesses hitlériennes ont massacré, le 12 avril 1945, plus d’un millier de déportés venant des camps de Dora et de Neuengamme.

Questions

  1. Identifie et compare les deux premiers documents.
  2. A ton avis pourquoi les Américains ont-ils affiché des photographies des camps dans les rues allemandes (doc. C) ?

Voir les réponses aux questions dans l'onglet "professeur".


Liens

Réponses aux questions

  1. Le premier document (The Illustrated London News) a été publié en Angleterre le samedi 28 avril 1945. Le deuxième document (n° spécial du Magazine de France) a été publié en France au mois de mai 1945. Les deux documents sont des couvertures qui reproduisent des photographies prises lors de la libération des camps nazis :
    • Le journal anglais montre une photographie prise par l’armée américaine sur laquelle on voit le général Eisenhower entouré de soldats en train de regarder des cadavres de déportés au premier plan de la photographie.
    • Le magazine français reproduit une photographie qui montre ne gros plan le visage émacié d’un prisonnier du camp de Buchenwald.
    • Alors que la première photographie réalisée par le service de presse de l’armée américaine montre les visages des libérateurs lors de la visite d’un camp, la deuxième photographie faite par Eric Schwabb « incarne » la destruction physique d’un homme dont le visage et le regard se détachent sur un fond sombre.
  2. Les vainqueurs ont fait visiter les camps à des milliers d’Allemands vivant à proximité afin qu’ils voient de leurs yeux les atrocités qui y ont été commises (cf. supra). Toutefois, la majorité des Allemands fut dans l’impossibilité de visiter les camps. C’est pourquoi, des photographies réalisées dans les camps furent exposées dans les villes allemandes sur des panneaux conçus à cet effet. La presse en langue allemande publiée sous le contrôle des Alliés fut aussi un moyen important pour diffuser les images des camps. Il s’agit d’instaurer une « pédagogie de l’horreur » destinée à frapper l’opinion et à contribuer à la « dénazification »2.

2 Clément Chéroux, « L’épiphanie négative : production, diffusion et réception des photographies de la libération des camps » in Mémoire des camps, Marval, 2001.